Le Pentagone ou l'institutionnalisation de la défense nationale américaine. Centralisation, interarmisation et rivalités organisationnelles - Université Jean Moulin Lyon 3 Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2015

Le Pentagone ou l'institutionnalisation de la défense nationale américaine. Centralisation, interarmisation et rivalités organisationnelles

Résumé

La puissance, la volonté de puissance et les institutions au service des deux constituent trois variables indépendantes et dissociables. En ce qui concerne la puissance, les Etats-Unis maîtrisent ses trois vecteurs principaux autour de 1900 : l'économie, l'université et l'armée. Certes, le troisième vecteur reste encore en pointillés, volontairement : si l'Amérique possède la seconde marine du monde en 1914, grâce à un programme de construction navale audacieux, elle rejette une armée de terre permanente. Cette carence atteste une faible inclination à mener une politique d'expansion. D'où une volonté de puissance à éclipses. D'une part, et dès les origines, les élites américaines tendent à dominer les deux Amériques au XIXe et mènent même un bref programme colonial à l'européenne : protectorat sur Hawaï en 1893 et conquête des Philippines en 1898. D'autre part, de façon bien connue, à l'exception de 1917-1918, l'isolationnisme caractérise la première moitié du XXe siècle. Les Etats-Unis croient pouvoir se désintéresser de l'Europe. Cependant, la Seconde Guerre mondiale les convainc définitivement que leur sécurité nationale passe par une sécurité globale, voire mondiale. Au-delà de la simple puissance, ils manifestent enfin une volonté de puissance : modeler les relations internationales selon leurs valeurs, en commençant par éliminer l'obstacle du moment, la propre volonté de puissance soviétique. Sans gestion ni contrôle, la force n'est rien. Or, tout s'est passé comme si la constitution de 1787 cherchait à neutraliser l'efficacité géopolitique de la jeune république : stricte séparation des pouvoirs, mainmise du Congrès sur la politique étrangère, priorité accordée à la " milice " locale des Etats fédérés (la future garde nationale). Les défis de la Seconde Guerre mondiale et de la Guerre froide placent violemment sous les projecteurs la question d'un " National Defense Establishment " permanent, c'est-à-dire d'un ministère centralisé et d'un secrétaire à la Défense unique. Tel devient l'enjeu de la loi de sécurité nationale de 1947 et des ajustements ultérieurs jusqu'à la loi Goldwater-Nichols de 1986, les deux lois restant valables aujourd'hui. Deux grilles de lecture, l'une inadéquate, l'autre pertinente peuvent interpréter ce travail réglementaire, législatif voire quasi-constitutionnel. Ou bien, on part d'une illusion d'optique et des conceptions légales et constitutionnelles françaises : les deux lois américaines de 1947 et 1986 se suffiraient dans leur caractère fondateur. En lisant l'organigramme on comprendrait le fonctionnement du Pentagone. Ou bien, on part de la complexité des réalités américaines : le Pentagone institutionnalisé à partir de 1947 se révèle un compromis organisationnel constant, avec des variations incessantes de son centre de gravité.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-00941515 , version 1 (04-02-2014)

Identifiants

  • HAL Id : hal-00941515 , version 1

Citer

Francois David. Le Pentagone ou l'institutionnalisation de la défense nationale américaine. Centralisation, interarmisation et rivalités organisationnelles. Ministère de la Défense, la genèse du fait ministériel en France, Nov 2011, Paris, Ecole militaire, France. pp.251-268. ⟨hal-00941515⟩

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