, Je le remerciai de m'avoir fait passer une agréable soirée. Puis je descendis le long de la rivière jusqu'au village d'Ogawa. J'entrai dans une auberge d'eaux thermales et demandai au patron s'il n'avait pas entendu parler d'une personne qui serait partie dans la montagne sans jamais revenir. Il prit un air méfiant et réfléchit un instant. -Quelle drôle de question. Ah si !, l'année passée, une mendiante misérable est partie dans la montagne à demi-folle. Il paraît qu'elle n'a jamais atteint Nikk?. On se demande encore aujourd'hui où elle a bien pu passer. C'est elle qui vous intéresse ? -Oui, Hier soir, je dormis à la belle étoile avec mon imagination extraordinaire pour partenaire. Voilà qui est amusant, vol.392

. J?do-sh?-???, Amida après la mort. Illustration de « Face au crâne » par Got? Yoshikage ???? (1858-1922) in Hazuesh?

, Les os d'un tengu furent expertisés avec ironie par un excentrique 397 . Voilà qui est subtil. Le crâne avec qui je passai la nuit à discuter n'est ni plaisant ni subtil. C'est une mauvaise farce sur une malheureuse, que j'ai vainement tenté de rendre plaisante et subtile. On me raillera certainement comme celui qui brandit son sabre devant un squelette, vol.396

, Mumy?sh? ??? (1211), entre autres. Une nuit, p.le

, 825-880) entend le poème Chaque fois que souffle -le vent d'automneah, mes yeux ! ??????????????. Le lendemain, il trouve un crâne dont la cavité oculaire est traversée par une herbe. Ayant appris qu'il s'agit du crâne de la belle poétesse Ono no Komachi ???? (IX e s.), il achève le poème : sans savoir que c, poète Ariwara no Narihira ????

. Tengu, , 1777.

?. Gennnai, Hiraga Gennai avait la réputation d'un excentrique. Un jour, un de ses disciples lui amène un objet que les gens prennent pour un crâne de tengu et lui, pp.1728-1779

, Il avait été confronté à la preuve vivante de ses péchés 404 , devisant de bon ton avec elle, et s'en réjouissait vivement d'une manière vile et déplorable. À son réveil, il ressentit le froid qui l'avait pénétré jusqu'aux os durant son sommeil. La faible lueur de sa lampe lui paraissait comme un feu follet. Le vent qui filtrait au travers des murs était aussi froid que des épées de glace. « Aah ! Je ne dois pas y songer, non, je ne dois pas y songer ! Ces pensées éveilleront le tumulte de mes sentiments si elles traversent mon esprit

, Et pourtant, le coin de ses yeux s'était imperceptiblement relevé. Il méditait avec l'impétueuse ardeur d'un serpent qui voudrait avaler un boeuf 405 , si bien que son souffle serait resté inaltéré quand bien même une grosse pierre lui serait tombée sur la tête. « Dois-je m'asseoir ou marcher ? Vivre ou mourir ? Genk? est-il assis au milieu l'univers ou est-ce l'univers qui sommeille dans l'esprit de Genk? ? Neige-t-il au dehors ou ne neige-t-il pas ? Le vent souffle-t-il ou ne souffle-t-il pas ? Les jours, les mois, les années sont-ils ou ne sont-ils pas ? Moi et les autres, eux et moi existons-nous ou n'existons-nous pas ? Mes Trois Âmes Spirituelles et mes Sept Âmes Sensitives 406 se 402 rokujin ?? : les six perceptions sensorielles qui troublent l'esprit : visuelles, auditives, olfactives, gustatives, tactiles et mentales. Les cinq premières correspondent aux cinq sens, la sixième intègre les précédentes pour former une image du monde extérieur, Que faire ? » Il se sermonnait ainsi dans l'espoir de réprimer ses pensées. Il se tenait là, planté comme un arbre mort. Assis bien droit, il ne bougeait pas d'un pouce

, On peut définir deux grandes acceptions du péché qui prennent racine dans le bouddhisme ancien (nik?ya). La première considère que l'esprit de l'homme est fondamentalement impur et qu'il a besoin de règles extérieures prescrites par la communauté religieuse pour se détacher peu à peu de ses désirs et atteindre l'éveil. S'il enfreint ces règles, il commet un péché (tsumi) et devra faire acte de repentance (zange ??) à la communauté qui fixera la pénitence (batsu ?) pour son expiation. Dans la seconde, il est considéré que chacun a en soi la nature du Bouddha et que les pratiques ascétiques aideront à la révéler : à l'extrême, le désir même peut mener à l'éveil. Cet enseignement est plutôt tourné vers le croyant laïque que le religieux et les règles extérieures sont moisn importantes : c'est dans son contact personnel avec la divinité que le

?. Nakamura-hajime, 405 sunja dongy? ????. 406 sankon shichihaku ???? : l'ensemble des souffles qui animent l'homme. sont-elles pulvérisées au-delà des nuages ? Mes trois cents os sont-ils éparpillés dans la plaine sauvage ? Le sang de mes viscères est-il glacé ou bouillonnant ? Est-ce Genk? avant sa naissance qui est assis ici ? Ou bien, est-ce la personne que les villageois appellent avec respect Vénérable Genk? qui se trouve dans cette pièce ? Est-ce une pierre ? Un arbre mort ? Une statue de bronze ? Un monstre ? Un spectre ? Un démon ? Le songe d'un démon ? » Il ne discernait plus du tout le blanc du noir, ni le clair de l'obscur. Seule la neige devant la cabane, la neige derrière la cabane, Bukky? jiten ???? (Dictionnaire du bouddhisme), 2 e édition, Iwanami shoten ????, 2002.

, Toc toc ! Il restait silencieux? On frappa encore. Toc toc ! Il restait toujours silencieux? On frappa une fois de plus. -Je suis venue rendre visite à la Grotte au Démon 407 . Ouvrez ! Toujours silencieux? On frappa encore. -Je suis parvenue jusqu'ici pour rendre visite à Genk?. Ouvrez ! Il restait toujours silencieux? On frappa encore. -Je sais que vous êtes là. Ce sont les villageois qui me l'ont dit, Toc toc ! Quelqu'un appela d'une voix douce, mais l'homme resta silencieux

, Toujours silencieux. -Je suis venue de très loin, Silence

, Pour quel motif obscur était elle venue jusqu'ici ? Elle portait des sandales de paille à ses petits pieds auxquels on aurait souhaité passer des chaussettes en soie. Elle n'avait pas eu le temps de se préoccuper de son kimono débraillé, ni du tissu moucheté passé dans sa coiffure de petite fille 408 qui s'était défait sous le vent violent. Elle prit dans une main le chapeau de paille qu'elle venait de retirer, puis se rapprocha de ce qui tenait lieu de portail. Elle leva sa main plus blanche que la neige, Qui donc pouvait bien se trouver devant le portail ? Miséricorde ! C'était une fille d'à peine treize ou quatorze ans, sans escorte ni serviteurs

, N'écoutait-il pas le bruit de cette main ? ou ne pouvait-il pas l'entendre ? La cabane restait invariablement silencieuse : il ne répondait pas

, Akukikutsu ??? : nom donné à l'ermitage où s'est retiré Genk?. 408 t?jinmage ??? : coiffure de petite fille en vogue à la fin de la période

, La Lettre cachetée

, faisant siffler la cime des arbres, soulevant la neige, puis la rabattant. Le paysage était effroyablement blanc ; à tel point qu'on ne distinguait plus ciel et terre. La traîne de son kimono voletait au vent. Pauvre fillette ! Ne pouvant plus supporter le froid, elle allait s'effondrer là. Mais elle se releva, reprit courage et frappa à nouveau

E. Frappa-encore, Et vous auriez la cruauté de me renvoyer sans m'ouvrir votre porte ? Vous ne répondez pas ? Ouvrez ! Le vent se faisait de plus en plus violent. Le froid pénétrait les os de la fillette plus profondément chaque instant et elle commençait à s'impatienter. Le vent rudoyait son corps et la faisait suffoquer. Aspirée par la tempête et la neige tourbillonnante, elle était sur le point de craquer. Elle ne parvenait plus à hausser sa voix de criquet d'hiver tant elle était devenue rauque : « Ouvrez ! ». Toujours aucune réponse. Quel infâme personnage ! -J'ai absolument besoin de vous rencontrer, Je suis venue de loin pour vous voir. J'ai affronté de nombreuses épreuves pour arriver jusqu'ici

. Décharné, les pommettes saillantes, ses yeux mi-clos regardaient dans le vide, les pupilles immobiles. Sa barbe était extraordinairement longue

, La fillette se tenait maintenant au bout du jardin. Elle s'inclina avec grâce et dit

, Ditesmoi quelque chose ! Il restait toujours silencieux, sans lui accorder un seul regard. 409 kekka ?? ou kekka fuza ???? : manière de s'asseoir en croisant les jambes et posant chacun des pieds sur les cuisses. Si la jambe droite passe par-dessus la gauche, répondez pas ? Seriez-vous fâché ? Je vous supplie de me pardonner

, si la gauche est dessus, c'est celle de l'ascète (g?maza ???)

, Je ne sais pas si vous pratiquez l'ascèse du silence 410 , mais il n'y a sans doute aucun mal à ce que vous m'adressiez un mot. Qui croyez-vous donc que je suis ?, -Vous êtes vraiment trop cruel

, Mais les cieux ne connaissent pas la pitié ! Le vent déchaîné et la neige tourbillonnante gagnaient en intensité ; le blizzard devint si furieux qu'on ne voyait plus à huit pouces. Maintes fois, la jeune fille aurait voulu entrer car elle ne pouvait plus endurer le froid, mais elle n'avait pour l'instant pas d'autre choix que de serrer les dents et rester plantée au milieu de la neige en attendant que le Vénérable 411 ait terminé son ascèse 412 . La neige fine comme de la cendre s'infiltrait dans son col, par ses manches, et venait glacer tous ses membres. Incapable d'en supporter davantage, elle s'étala de tout son long. Ses cheveux noirs se répandirent sur le sol ! Elle, qui ne possédait même pas une épingle à cheveux aux motifs fleuris, s'était retrouvée ensevelie sous des cristaux de fleurs inanimées. Ô cruauté ! Le teint rosâtre de ses joues s'estompait. Ses yeux de jade étaient engloutis par la neige. Ses lèvres vermeilles devenaient de plus en plus livides comme si leur vie était aspirée par un messager de l'au-delà. La neige s'engouffrait dans sa poitrine, pénétrait ses côtes, se liquéfiait et glaçait sans pitié sa peau douce et tiède. Elle était sur le point de trépasser, mais ne pouvait s'y résoudre tout à fait. « Vais-je mourir ici ? » Elle avait certes pu le rencontrer, mais il n'avait pas reconnu son enfant. Elle s'exclama avec une vigueur soudaine : -Devrais-je aussi dans l'autre monde continuer à discuter futilement avec ma, Elle allait monter sur la véranda, mais elle s'arrêta. Sa sensibilité féminine rechignait sans doute à cette entorse à la bienséance. Elle dévisagea craintivement Genk? toujours assis en lotus. Elle laissa échapper quelques larmes et demeura dans le jardin recouvert d'une épaisse couche de neige

, Grotte au Démon fut emporté au loin comme une feuille. Les flocons de neige tourbillonnaient et virevoltaient en spirale. Ils cinglaient les oreilles de Genk?, frappaient son visage

, Mais la fragile enfant fut renversée d'un coup par le vent qui avait redoublé en violence. Elle 410 mugon no gy? ???? : garder le silence est un aspect important de la vie spirituelle

. Pressa-son-visage-contre-le-sien and . Dit, Dès que je vous ai vu, malgré votre maigreur, j'ai su avec certitude que vous étiez mon père. Si vous me regardiez, vous comprendriez sûrement que je suis bel et bien votre fille. Quand j'avais deux ans, vous nous avez abandonnées, ma mère et moi, pour aller vous terrer au fond de ces montagnes terrifiantes. Quelles étaient vos intentions pour que vous ne laissiez ni à moi ni à ma mère la permission de venir vous rendre visite ? Pour autant que je m'en souvienne, elle pleurait en toute occasion. Sa dernière volonté, avant de passer subitement dans l'autre monde cet automne, était que je vienne vous voir afin de vous remettre une lettre. Cette lettre, je l'ai précieusement conservée. « Quand il la lira, La Lettre cachetée s'appuya sur son père, mais Genk? ne bougea pas d'un cil. La jeune fille ne pouvait plus tenir. Elle passa les bras autour de son cou

J. De-jiz?, . Ishiburo, K. Kunowaki, . ?i, . Le-mont-takaneu et al., J'ai emprunté des sentiers de montagne où l'on ne rencontre pas une seule personne de toute la journée, et finalement, Daimugenzan. Les braves gens du village d'Inuma m'ont indiqué le chemin. J'errais dans la montagne sans chemins, seule, m'agrippant au lierre et aux lianes. Comprenez, ne serait-ce qu'un peu, le fond de mon coeur, que je n'avais jamais vue de mes propres yeux. J'ai demandé encore et encore où se trouve Inuma 414

. Au-monde.-allais-je-passer-le-reste-de-ma-vie-dans-l'ombre, Et faites de moi votre fille ; acceptez-moi à vos côtés. Je serai docile et surveillerai mes manières. J'ai souvent entendu dire par ma mère que vous détestiez la grossièreté et les mauvaises manières davantage que les chenilles. Acceptez, je vous en prie. Je saurai me tenir convenablement. J'ai appris de ma mère à coudre des habits 413 ?? : aujourd

, ?? : une des stations de la route T?kaid? qui relie Ky?to à T?ky? en longeant la mer

. Shizuoka, À partir de cette étape, la fille remonte vers le nord en direction du Daimugenzan en suivant la rivière ?i. pour mes poupées

, Au milieu d'un désert de neige, sous un vent puissant et glacial, elle avait épuisé toutes ses forces dans ses justifications mêlées de larmes, et pourtant, il ne répondait pas. La jeune fille se souvint alors de la lettre de sa mère, qu'elle retira d'entre les pans de son kimono. -Père, regardez ! Elle lui avança la lettre sous les yeux, Même s'il s'est passé quelque chose avec ma mère, pardonnez lui. Vous ne m'avez même pas dit : « Tiens comme tu as grandi !

, Elle lui mis la lettre dans les mains, mais il ne bougea pas le petit doigt, Silence

, Elle décacheta la lettre et au moment où elle s'apprêtait à la lire à son père, le sol se mit à onduler comme une mer houleuse

. Genk?, qui se tenait planté là tel un arbre surgi des entrailles de la terre, fut propulsé avec la fille à une dizaine de toises vers l'extérieur. La cabane que l'on surnommait la

, Il attrapa Genk? et le suspendit en l'air. Il arracha la lettre des mains de la jeune fille et la lu d'une voix aussi forte que six mille lions

. Je, Je pense que je ne serai plus de ce monde d'ici demain

, au-delà en emportant avec moi le poison qui me ronge le coeur. Alors, j'abandonne d'un coup parures et vanité, et bien que je n'aie pas la force de relater l'ensemble de mes actes en ce monde, je souhaite cependant, maintenant que je m'apprête à sombrer en Enfer 417 , coucher par écrit ces choses que je ne puis oublier. Je ne saurais prédire si cette lettre fera naître des perles dans vos yeux ou si elle les percera comme de petites pierres, mais je n'écris ma honte douloureuse couchée sur mon lit de mort afin de vous torturer l'esprit. Je souhaite simplement que vous compreniez ma souffrance, moi qui suis en train de rédiger cette lettre en me cachant de ma propre fille, Je suis à la fois effrayée et pleine de remords à l'idée de m'en aller dans l

. ??-(skr, yak?a) : originellement esprits des forêts mi-malfaisants mi-bienfaisants, assimilés dans le bouddhisme à l'un des huit protecteurs de la Loi

, naraku ?? (skr. naraka) : enfer bouddhique

, Une fois la lecture achevée, le démon prit Genk? par les jambes et le déchira en deux avant de lui sucer tout son sang jusqu'à la dernière goutte

, Il fut déchiré en deux à partir de l'entrejambe, léché par une langue brûlante comme un fer chauffé au rouge, transpercé par des dents plus acérées que des épées. Et à peine avait-il fini d'être dévoré qu'il prit conscience que c'était bien lui et pas le démon qui était dévoré. Alors, il fut à nouveau suspendu à l'envers par un autre démon à la face bleue haut comme vingt hommes. Tout son sang reflua vers sa tête. Il lui semblait que son crâne allait éclater, que sa cervelle allait jaillir : « Tandis que je passe heureuse dans l'autre monde en emportant votre visage gravé dans mes yeux? » Le démon rugit ces paroles pleines d'une effroyable rancoeur qui lui glacèrent la moelle épinière. Il le déchira, tout doucement. Ah, quelle souffrance Genk? devait endurer ! Il fut dévoré, déchiré, blâmé, suspendu à l'envers encore et encore et encore, sans que le supplice ne semblât jamais prendre fin. À peine avait-il trouvé un instant de répit que, tout Genk? qu'il fut, il ne songea qu'à pleurer. Mais déjà ses larmes s'étaient taries. Il voulait crier, mais déjà sa langue s'était raidie. Seul son esprit percevait sa torture avec acuité. Puis, son esprit s'obscurcit à son tour, Les Trois Souffrances et les Huit Souffrances 426 , on a beau se débattre, impossible d'y échapper. Genk? fut entièrement dévoré par le démon, mais étrangement, ce démon prit instantanément l'apparence de Genk?, qui à son tour se retrouva suspendu au bout des bras d'un autre démon terrifiant à la face bleue et aux yeux dorés. Sa voix violente lui taraudait les oreilles : «

P. De-neige-blanche, Qui sait ce qu'il y avait au-delà ? Des trombes d'eau s'abattirent, déferlant comme des cascades. Le cri lugubre d'un oiseau perça les nuages noirs. Les éclairs illuminaient l'espace comme des lames d'argent, frôlant le bout du nez de Genk?. La terre trembla maintes fois comme le grondement puissant de tambours de guerre venus de nulle part. Le vent glacial 426 sanku hakku ???? : respectivement les trois souffrances qui découlent de la cause même de la souffrance, de la perte du plaisir et de la nature fluctuante du monde, et les huit souffrances humaines (la vie, la vieillesse, la maladie et la mort, ainsi que rencontrer ce que l'on déteste, se séparer de ce que l'on aime

, La Lettre cachetée soufflait impétueusement, faisant danser les grains de sables acérés qui frappèrent sa face et martelèrent sa peau. À ce moment, il ouvrit subitement les yeux qu'il avait tenus fermé jusqu'alors. Sa cabane n'avait pas bougé. Il n'y avait ni fille ni démon

. Pas-de-pluie and . Virevoltant, Le ciel et la terre étaient d'une blancheur immaculée. Il n'y avait rien d'étrange. Il était bien lui-même. Pas un poil de sa barbe ne s'était abîmé ni n'avait poussé. La pièce était intacte. Pas un grain de poussière qui ne tourbillonne. Avait-il rêvé en méditant ou était-il précisément en train de rêver maintenant ? Il pensa qu'il ne gagnerait rien à s'interroger plus profondément et il resta assis là en lotus tout en regardant la chaîne de montagnes au loin. La neige cessa un instant

D. Il-songea, Impossible de s'enfuir. Il ne pouvait que trembler d'effroi. Elles étaient désormais arrivées à une dizaine de brasses de la cabane. Falaises abruptes, parois à pic, raides et escarpées : elles n'offraient aucune prise à l'escalade. « Qu'est-ce donc ?! », s'écria Genk? ahuri. Il regarda derrière la cabane : les montagnes s'étaient également avancées jusqu'à sept ou huit brasses. Pareil à gauche, idem à droite. Comme s'il avait été entouré de tous côtés par des paravents. Encerclé, il était encore plus démuni qu'un fauve en cage. Impossible de fuir à moins que ne lui poussent des ailes divines. La chaîne de montagnes n'était déjà plus qu'à cinq brasses de la cabane, Tandis qu'il contemplait le paysage sans penser à rien, tiens ! étrange, les montagnes se mirent à bouger : elles s'avançaient en direction de la Grotte au Démon ! Il ne pouvait que regarder stupéfait

. Puis, des flammes rouges et pourpres, de la fumée noire et bleue jaillirent furieusement en tous sens et brûlèrent Genk?. Sa peau rougit, ses cheveux roussirent, sa chaire se consuma et ses os s'enflammèrent

, Les rochers se retirèrent doucement dans les quatre directions, laissant au milieu un petit espace de vide. Et des rochers alentours s'écoula de l'eau rouge, pourpre, noire et La Lettre cachetée, p.133

, Et quand les rayons blancs du soleil les touchèrent, Genk? ressuscita. Il n'eut pas le temps de s'extasier que déjà les montagnes se rapprochèrent à nouveau de toutes parts. Elle crachèrent du feu, lancèrent des flammes et brûlèrent vif le malheureux Genk?. Puis se retirèrent, déversèrent de l'eau sur ses cendres et le ressuscitèrent à nouveau. Qui sait combien de fois, bleue, qui se déversa sur les cendres. Alors, étrangement, comme les truffes poussent dans le sable et les amadouviers sur la crête des rochers

, Alors qu'il se tordait de douleur, un coup de tonnerre gronda dans le ciel, puis une grande explosion, et une pluie de flèches enflammées s'abattit sur lui et le pulvérisa? Fut-ce un rêve ou une illusion ? Toujours est-il que la Grotte au Démon retrouva son calme. Dehors, on entendait seulement le bruit de bambous qui se cassent

M. Ah and . Que-se-passe-t-il-donc-?-le-dénommé, Quand le soleil se lève, il illumine d'abord les sommets de l'ouest ; quand l'homme est jeune, il est plein d'espoirs en l'avenir. Et quand le soleil sombre à l'ouest, ce sont les montagnes de l'est qu'il illumine ; quand l'homme vieillit, il se remémore souvent le passé. Quelle tristesse ! Quand il contemplait le futur, il marchait dans l'obscurité

. Erreur and . Prémédité, crime pour en cacher un autre, bonheur inespéré, bonne action, bonne action gratuite, bonne action pour se vanter, fi !, tout cela n'est que chimère, que péché ! Ah, le corps de Genk?, coagulation du délivre d'autrefois, son origine remonte à l'éternité. Quand il tétait le sein

, Quelle est l'origine de ce désir ? À peine l'oeil de l'homme est-il en mesure de voir qu'il poursuit ce qui brille. À ce moment-là naît déjà l'amour charnel 428 . Quand l'oeil de l'homme faiblit, il craint ce qui brille. C'

. Autrefois, Puis je me précipitais dans une maison de passe. Les étoiles m'ont-elles appris la beauté des flots d'alcool et des montagnes de victuailles, des lanternes rouges et des rideaux verts 429 ? Autrefois, j'écoutais le chant des prostituées la nuit et je cachais mes larmes de tristesse. Puis je voulais aller rejoindre les coquillages au fond de la mer 430 . Le chant des prostituées m'a-t-il appris le dégoût du monde ? Qu'ils me font rire ceux qui louent la

, C'est-à-dire se suicider

, Où est la pureté de Bo Yi 431 ? Ils sont comme des biches qui mangent de l'herbe mais ne connaissent pas le goût du sang, se moque-t-il. Où est la sagesse de Han Xin 432 ? Ils sont comme des singes qui sautent dans les arbres mais ne savent pas nager, dédaigne-t-il 433 . Le vieux du poste de police se prend pour Laozi 434 , le jeune poète de haikai se voit en Zhuangzi 435 . Ah, cette vermine qui grouille depuis toujours dans l'univers ! Qu'elle monte ou qu'elle descende, elle ne sort pas du pot de chambre. Ridicule, foutaises ! C'est moi qui ne peut pas me contenter d'une corde tressée des deux fils du bien et du mal. Il ressassait des pensées blasphématoires, La Lettre cachetée ciel après avoir vu des étoiles qui scintillent ! Qu'ils me font rires ceux qui jouissent du chant enjoué des prostituées ! Ce sont tous des fourmis qui courent après le sucre, des vaches qui adorent le sel

, Si l'on voit quelqu'un affamé, on ne pense pas qu'il n'a pas d'appétit. Mange-t-on quand nous voulons manger ? Mange-t-on même si nous ne voulons pas manger ? Quand on mange, on prend ceci, on jette cela. Choisit-on parce que nous l'avons voulu ou choisit-on sans l'avoir décidé ? Foutaises ! Les comportements humains paraissent conscients

, oiseau qui boit quand il a soif ou les racines de l'arbre qui absorbent de l'eau sont tous différents. Certains aiment le saké, d'autres aiment les pommes de terre. Cela paraît naturel

, Je ne crois pas que la faim vienne après le jugement. La faim met naturellement le feu au ventre vide et naturellement, on éprouve l'envie de manger. Là-dessus s'ajoute le jugement et l'on 431 ?? : fils d'un roi de l'état de Guzhu, dans la Chien ancienne, sous la dynastie Yin. Quand cette dynastie fut évincée et remplacée par les Zhou, Bo Yi et son jeune frère Shu Qi, pensant qu'il n'était pas juste de « manger le grain de Zhou » allèrent vivre en reclus sur le mont Zhou-yang, Ce n'est pas comme le cheval qui aime les feuilles de bambous ou le silure qui aime les grenouilles. Foutaises

, ?? (?-196 A.C.) : général, un des trois grands héros de la dynastie Han

. Rohan-fait-ici-référence-À-un and . Kanshi, poème chinois) autoportrait qu'il composa lors de son séjour en Hokkaid? : Il injurie la pureté de Bo Yi en l'assimilant à une biche -Il raille l'excellence de Han Xin en le comparant à un singe

, ?? : auteur présumé du Dao De Jing ??? (Livre de la Voie et de sa Vertu) ou Laozi ??. Il serait né un peu avant Confucius, pp.551-479

, ?? (370-300 A.C.) : philosophe taoïste, auteur des sept premiers chapitres (« chapitres intérieurs

, On ne décide pas de naître ni de mourir. Nos dents, nos ongles ne poussent pas suivant notre désir. Notre sang circule, l'air entre et sort de nous sans qu'on le leur demande. Mes parents m'ontils conçu suivant leur désir ou ai-je été conçu par mes parents selon mon désir ? Étrange, étrange. Est-ce que je vis ici parce que j'aime le Japon ? Est-ce que je vis maintenant parce que j'aime cette époque ? Pourquoi aimé-je les lieux tristes ? Pourquoi tombé-je amoureux ? Pourquoi ai-je envie de tuer quelqu'un ? Pourquoi aimé-je les feux ? Pourquoi aimé-je les enfants ? et les femmes ? Pourquoi détesté-je la gloire ? Pourquoi détesté-je les hypocrites ? et aimé-je les bandits ? Pourquoi aimé-je mon corps ? Et pourquoi donc suis-je en train de penser à tout ceci ? Foutaises, du livre éponyme (ou Nanhua Zhenjing ???? Classique authentique de la splendeur méridionale). 436 naniwa-bushi ??? : ballades populaires chantées avec un accompagnement au shamisen. mange des pommes de terre, du konnyaku 437 , du riz ou du blé

L. , Les insectes s'enfouissent dans la terre : ils attendent le tonnerre pour sortir. Les hommes ont des oreilles : ils sursautent quand ils entendent le tonnerre. Il n'y a qu'une différence de complexité. Le mobile est dans la main du seigneur 440 , mais nous ne le connaissons pas. Nous ne nous énervons pas parce que nous le voulons ; nous ne pleurons pas parce que nous le voulons. Nous ne serrons pas quelqu'un dans nos bras parce que nous le voulons ; nous ne battons pas quelqu'un à mort parce que nous le voulons. J'aime la bagarre et les polémiques ; je ne porte aucun intérêt à l'attachement ni aux désirs ; je crains les duels et les combats à mort. Que je fasse d'une personne, de dix personnes, de cents personnes ou de mille, dix mille ou un million de personnes mes ennemis ou mes alliés, c'est mon propre choix. Je n'ai pas à me soucier de ce qui ne relève pas de mon choix. Si quelqu'un s'amuse à remplir les quatre mers de plumes de serpentaire 441 et empoisonner les hommes des cinq continents, ils sont tous différents. Le nuage dérive, l'eau coule, la fleur s'épanouit et fane, l'herbe pousse et se dessèche : ils sont tous identiques

?. Le-bash? and S. De-bananier-sauvage-d'origine-chinoise, s'affaisse dans la chaleur de l'été et se redresse par temps d'orage, si bien que l'on disait que le bruit du tonnerre le faisait pousser. 440 Kano k? ???. 441 chin ? : oiseau noir mythique dont la chair était réputée un poison mortel. Même ses plumes pouvaient servir à faire du poison, C'est pourquoi on disait que