«. Mais, afin que le seul Caton peut fournir à tout exemple de vertu, il semble que son bon destin luy fit avoir mal en la main dequoy il se donna le coup, pour qu'il eust loisir d'affronter la mort et de la coleter

, Conclusion (En quête de quelques repères pour définir la résistance)

. Aux-yeux-de-la-postérité, . De-caton-semble-tenir-dans-le-fait, and . Qu, il résista à l'irrésistible, qu'il tenta fermement d'éviter l'inévitable, qu'il s'efforça en vain de freiner l'ascension de celui que rien ne pourrait arrêter : l'ascension du divus Iulius (« divin Jules ») porté par l'aura la puissante déesse Venus Genetrix ; promu par une ascension divine dans laquelle la monarchie impériale devait trouver son fondement de droit divin et ainsi avoir

Q. «-avec-caton and . Sera-désormais-caton-d'utique, Un monde où les vieilles valeurs de la République patricienne n'avaient plus leur place. Un monde nouveau en gestation qui n'atteindra une relative stabilité que sous Auguste. Caton n'appartenait pas à ce monde en devenir, les dieux eux-mêmes en avaient décidé ainsi. Alors, en bon stoïcien, posé devant l'irrémédiable, il ne lui restait plus qu'à l'accepter, à demeurer inébranlable dans ce qu'il représentait et à mourir en défendant sa conception désormais caduque, d'une liberté et d'une justice aristocratiques. Là encore, mieux que quiconque, Plutarque nous offre une excellente synthèse de cette résistance de Caton, si tenace et si impertinente pour les nouveaux « grands personnages » : « En vérité, il n'est pas de vertu dont la gloire et le crédit suscitent d'avantage d'envieux que la justice : c, p.337, 1965.

L. Montaigne, .. P. Essais-;-Éd, and . Villey, Pour une analyse de cette représentation hypothétique de Montaigne, voir Couturas, 2009. seulement on les admire à l'égal des hommes intelligents, mais en outre on les aime, on a confiance en eux, on les croit, tandis que les braves font peur et les hommes intelligents suscitent la méfiance. De plus, on attribue la bravoure et l'intelligence à une supériorité naturelle plutôt qu'à la volonté : on rapporte l'intelligence à une vivacité, le courage à une force de l'âme. En revanche, pour être juste, il suffit de le vouloir, vol.II, p.610, 1992.

, Voilà pourquoi tous les grands personnages s'en prenaient à Caton : sa conduite les condamnait. » (Plutarque, Caton le jeune, p.12

, De cette conduite nous pouvons peut-être -au-delà du cas historique et de son exemplarité -tirer quelques enseignements généraux

, Et à l'instar de son prestigieux ancêtre, Caton le censeur, il critique fortement la décadence des moeurs de son temps ainsi que les manoeuvres et combinaisons politiciennes qui visent à détourner le pouvoir de la « chose publique » (res publica) au profit des intérêts privés et des ambitions personnelles. La résistance se présente donc ici comme une sorte de contre-effort visant à sauvegarder une idéologie jugée préférable à celle qui tente de s'imposer. Elle fonde son message sur les valeurs de justice, de liberté et de respect du droit. Or, pour l'historien, ce point soulève une importante difficulté axiologique car les valeurs en cause sont éminemment relatives et souffrent mêmes, dans le cas romain, de deux conceptions diamétralement opposées. En effet, comme le souligne Pierre Grimal, chacun des camps en présence revendique « sa » conception de la liberté car, « évidemment, il ne s'agit pas de la même liberté. Du côté des "aristocrates", elle signifiera le maintien de leur privilège de fait, du système politique qui leur garantit la prééminence dans l'État. En face, les "populaires" s'attachent à dénoncer ce même système, qui leur interdit, en pratique, sinon en droit, l'accès aux magistratures et, ce qui est plus important, les profits que l'on en tire (?), / Tout d'abord, le concept de résistance semble comporter une dimension statique. On trouve l'idée dans le fond étymologique du mot résistance (racine indo-européenne *ST(h)A) mais aussi dans la conception physicienne du corps matérielle soumis à une contrainte (voir introduction supra), p.66, 1989.

, Ainsi par exemple, la liberté aristocratique qui fonde la société très inégalitaire que défend Caton ne correspond en rien à notre conception contemporaine de la justice fondée sur les droits de l'homme. La différence des conditions et plus encore l'esclavage sont aujourd'hui radicalement condamnés par notre système juridique. C'est pourquoi, une certaine « admiration », pourrait aussi aller vers celui contre lequel Caton résiste, c'est-à-dire César (Canfora, 2009), ordre qui pour lui, garantit la stabilité. Dès lors, si l'historien peut « admirer » Caton d'Utique, il doit en même temps se souvenir qu'une telle admiration relève du point de vue personnel et surtout pas d'une quelconque vérité historique définitive, pp.222-244

. /-À-côté-de-sa-composante-statique, Elle consiste en une lutte, un combat. À ce titre, l'exemple de Caton nous en a bien montré les différentes modalités de cette dualité agonistique. La résistance politique rejoint ici aussi en partie la résistance au sens où l'entendent les physiciens puisque toute lutte suppose l'accomplissement d'un effort matériel et physique. À son plus faible degré d'intensité

C. , Caton le jeune, à l'instar de son ancêtre, en fut une très belle illustration. Vient ensuite la résistance par l'obstruction, effort plus intense, plus physique et plus dynamique. Enfin, le mouvement et l'effort se démultiplient dans la résistance armée

, On doit penser ici au dieu Janus Quirinus 113 dont on ouvrait les portes du temple pour signifier la guerre. On a vu que dans chaque action la volonté des dieux comptaient. Nous avons également vu le rôle du destin et de la divination pour un stoïcien comme Caton. Tout cela nous rappelle que si le dynamisme de la résistance repose sur une certaine manifestation de la volonté, le contexte de la Rome antique diffère radicalement de certaines de nos philosophies volontaristes modernes qui, elles aussi, ont marqué des résistances contemporaines. « Quand j'étais petit, et que j'eusse vu la mer, je croyais que les barques allaient toujours où le vent les poussait. Aussi, lorsque je vis comment l'homme de barre en usait avec les lois invariables et bridait le vent, je ne pris point coutume pour raison, Cette échelle répond à la question : comment, par quels moyens, peut-on résister ? Ici encore, l'exemple de Caton constitue une excellente illustration des différentes manières de résister. Ici, la volonté est centrale, pp.20-21, 1942.

. Mais, En cela l'expérience du physicien s'avère particulièrement éloquente. Imaginons une tige d'acier soumise à une traction dont on augmente progressivement l'intensité. À un moment plus ou moins précisé par la mesure, la structure interne du matériau soumis à la force se trouve tellement altérée que le corps finit par céder et rompre sous l'effort de traction. Transposons l'image dans le champ de la pensée politique, on dira simplement qu'il y a un vainqueur et un vaincu. À propos de Caton

P. Lucain, ). Bien, . Le-poète-ne-prétend-pas-que-caton-lui-même, and . Décidé-de-choisir-d'embrasser-le-camp-de-pompée, Or, la mort de ce dernier constitue la première rupture du parti des résistants. L'effort de guerre continua, et les ruptures se multiplièrent du côté des Pompéiens. Après Pharsale, il y eut les défaites en Afrique, dont celle de Thapsus. Mais surtout, pour finir, l'ultime acte de résistance, à Utique : la mort de Caton lui-même. En politique comme en physique, la « rupture », matérialisée ici par la mort du résistant, constitue un critère pour estimer la résistance. En cela, le suicide de Caton, peu importe ici l'idéologie qui le sous-tendait, constitue un modèle du genre. Il pose l'équation absolue du résistant : « ma » liberté jusqu'à la mort ! Avec cette fin glorieuse, Caton d'Utique fournira à la postérité un modèle pour définir, pour éprouver, au-delà de la notion très relative de victoire et des valeurs défendus, ce que peut-être la résistance ultime. La résistance d'un seul homme

, Et cuncta terrarum subacta, Praeter atrocem animum Catonis, pp.23-24

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