Reprendre la montagne du tigre en passant par Dallas - Université Jean Moulin Lyon 3 Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Vacarme Année : 2000

Reprendre la montagne du tigre en passant par Dallas

Résumé

Guizi Lai Le, second film comme metteur en scène de Jiang Wen, très populaire acteur de Chine Pop’, a obtenu à Cannes le Grand Prix spécial du jury et provoqué apparemment une grosse colère des autorités de Pekin. Malheureusement, et même si on ne souhaite bien sûr aucun ennui à son réalisateur, on reste plus atterré qu’enthousiaste devant cette fresque interminable sur l’occupation de la Chine par l’armée japonaise et les horreurs qu’elle y perpétra. Là où il faudrait un Claude Lanzmann ou un Marcel Ophuls chinois (japonais ?), on se retrouve avec une variante esthétisante (aux cartes postales rurales ultra-léchées en noir et blanc qui émaillent le film, on reconnaît au quart de tour l’esthétique Zhang Yimou dont Jiang Wen a récupéré le chef-opérateur) des farces à la française consacrées à l’occupation allemande. Tout aussi raciste et politiquement catastrophique que Francis Blanche prenant sa grosse voix pour dire : « nous afons les moyens de fous faire parler », le film de Jiang Wen croit apparemment que le meilleur moyen de montrer l’horreur est de ridiculiser et d’animaliser les bourreaux. Même si l’on ne peut que compatir aux malheurs du film face à la censure chinoise, comment tout à fait prendre la défense de gens qui racontent fièrement dans le dossier de presse qu’ils ont fait sauter une colline et déplacé deux villages pour pouvoir créer le décor du film ? À peu près aussi hystérique qu’un film d’Emir Kusturica, les traits poétiques en moins (il n’y a pas une ligne de dialogue qui ne soit hurlée), Guizi Lai Le, persécuté ou non, n’est pas une bonne nouvelle pour le cinéma de Chine continentale, ni pour Jiang Wen qu’on a connu plus inspiré (avec son premier film, Des jours éblouissants, 1994). Pour mesurer la popularité de l’acteur en Chine, il est utile de revenir à un feuilleton télévisé qui contribua à son immense célébrité, une sorte de Dallas chinois intitulé Des pékinois à New York et réalisé par Feng Xiaogang (1993).
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02162719 , version 1 (22-06-2019)

Identifiants

Citer

Gregory B. Lee. Reprendre la montagne du tigre en passant par Dallas. Vacarme, 2000, 13, pp.50-51. ⟨10.3917/vaca.013.0050⟩. ⟨hal-02162719⟩
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