L'essai russe (II) au XXIe siècle : Le Prolongement du point d'Andreï Baldine - Université Jean Moulin Lyon 3 Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2018

The Russian essay in the 21st century: The extension of the point, by Andrei Baldine

L'essai russe (II) au XXIe siècle : Le Prolongement du point d'Andreï Baldine

Françoise Lesourd
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 956255
  • IdRef : 034551271

Résumé

In Russia, the word 'esse' is an imported word, came from the French “essai” and the English essay. Dictionaries are unanimous to find literary or philosophical content, without anything systematic, characterized by a certain freedom, especially in formal presentation, but always with a critical distance. Montaigne’s Essays were brought to Russia by another term - opyty - which also means 'experiments '. It seems to not have been taken up then, except by the poet Batiushkov, at the beginning of the 19th century, in his Essays in verse and prose, which moreover refer explicitly to Montaigne, since the author gave them such an epigraph : « Et quand personne ne me lira, ay je perdu mon temps, de m'estre entretenu tant d'heures oysifves à pensements utiles ou agréables ? ». Here, "essay" had kept all his sense of experimentation, a sort of "attempt". Later we'll find "attempts", expressed by the term popytka in Marina Tsvétaïeva’s poetry, (for example the poems 'Attempt to jealousy), which affirm itself as a sort of sketch (especially clear in 'Attempt to room). The word popytka might as well lead to 'experiment '. On the other hand, in Russia we find a lot of vague generic terms, a nebula of uncertain genres, like "notes", and "remarks" (zametki), "books" (zapiski) )- such as Turgenev’s Zapiski okhotnika . Dostoyevsky’s work that has been translated as Memories of the Dead House bears the name of Zapiski in Russian. But there is a specifically Russian tradition referring to what Albert Thibaudet called in French "a kind of state-approved essayist", that is, as shown by Marielle Macé, a genre "settled" as in England "in periodicals, located at the intersection of literature, cultural history and socio-political criticism. It corresponds to a specific Russian tradition called publitsistika [publicistika], term paradoxically difficult to translate into French, despite its links with French literary culture of the 19th century.
En Russie, le mot « essai » (« èssé ») est un mot d'importation, venu du français essai et de l'anglais essay. Les dictionnaires sont unanimes pour y trouver un contenu littéraire ou philosophique, traité sans exposé systématique, avec une certaine liberté, en particulier formelle, mais comportant toujours une distance critique par rapport au problème traité. Les Essais de Montaigne ont été traduits en Russie par un autre terme – opyty – qui signifie aussi « expériences ». Il ne semble pas avoir été repris ensuite, sauf par le poète Batiouchkov, au début du XIXe siècle, dans ses Essais en vers et en prose, qui d'ailleurs se réfèrent explicitement à Montaigne, puisqu'ils portent en épigraphe : « Et quand personne ne me lira, ay je perdu mon temps, de m'estre entretenu tant d'heures oysifves à pensements utiles ou agréables ? ». Ici, l'« essai » avait gardé tout son sens d'expérimentation, toute cette charge qui implique une « tentative ». Plus tard on trouvera, notamment chez Marina Tsvétaïeva, des « tentatives », exprimées par le terme popytka (par exemple le poème « Tentative de jalousie »), qui revendiquent un caractère d'esquisse expérimentale (particulièrement net dans « Tentative de chambre »). Le mot popytka pourrait tout aussi bien se traduire par « essai ». On trouve d'autre part en russe une foule d'appellations génériques floues, toute une nébuleuse de genres incertains, à laquelle peut s'appliquer la problématique de l'essai : des « notes », des « remarques » (zametki), des « carnets » (zapiski) – comme les Carnets d'un chasseur ; l'œuvre de Dostoïevski dont on a traduit le titre comme Souvenirs de la maison des morts porte en russe le nom de Zapiski. Mais il existe une tradition spécifiquement russe se référant à ce qu'Albert Thibaudet appelle en français « le genre de l'essayiste reconnu d'utilité publique », c'est-à-dire, comme le montre Marielle Macé, un genre « implanté » comme en Angleterre « dans la production périodique », situé à l'intersection de la littérature, de l'histoire culturelle et de la critique socio-politique. Cette tradition russe est celle de la publitsistika [publicistika], terme paradoxalement difficile à traduire en français, malgré ses liens avec la culture littéraire française du XIXe siècle. Récemment les éditions Fayard ont d'ailleurs décidé de traduire « publicistique » la partie correspondante des œuvres de Soljénitsyne (interventions dans la presse, les media, sur des sujets culturels au sens large, historiques, socio-politiques).
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hal-01790364 , version 1 (12-05-2018)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01790364 , version 1

Citer

Françoise Lesourd. L'essai russe (II) au XXIe siècle : Le Prolongement du point d'Andreï Baldine. Patrick Née. Le quatrième genre : l'essai, Presses Universitaires de Rennes, pp.125-144, 2018, Interférences, 978-2-7535-6508-1. ⟨hal-01790364⟩
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