N. Caligaris-emprunte-À and R. Linhart, à un laboratoire de l'écriture ouvert à l'internaute curieux. Vient qui veut, assister à la genèse de l'oeuvre en train de s'écrire

. Par and . Dans-le-site, puisqu'il s'agit de montrer que l'écrivain l'est constamment, écrivain, perpétuellement Ainsi Jean-Pascal Dubost est-il amené à souhaiter l'invention d'un « carnet mental », « ouvert en permanence, dans lequel seraient automatiquement notées toutes les idées passant à l'esprit en des moments inopportuns, et qu'il serait possible de consulter à tout instant » 69 En un beau jeu de miroir, le blogueur décrit précisément ici l'une des fonctions principales de son propre blog, sur lequel il note d'ailleurs la formule d'Anne Waldmann, « Le poète est toujours sur on, jamais éteint » 70 . Pour autant, il est frappant également de voir affleurer, sous le discours de surface, la nécessité implicite d'un lieu autre, dérobé au regard, car espace mental où l'écriture advient. Se représenter au travail, se peindre peignant (voir le Triple portrait déjà cité), s'écrire écrivant, c'est bien sûr offrir en pâture le, qui se dérobe par le même mouvement le vrai lieu de la création. Certains, tel Michel Séonnet, en feront l'aveu presque candide et désolé : Lorsqu'il y a un peu plus de deux ans je créai ce site

M. Séonnet and «. Écrire, se taire » : post 36 de son site www.petitspointscardinaux.net. propres, et que l'on écrira bientôt aussi ailleurs. Là encore, c'est une présence-absence de l'écrivain à son site qui se dessine 72

. Retournement, écranvain travaille le Web de l'intérieur, détournant, détourant les gestes parmi les plus communs de la culture numérique, pour les frotter à son activité propre d'écriture, y compris de soi. C'est ainsi par l'appropriation, geste numérique par excellence, mais aussi geste artistique post-moderne, par la ré-appropriation de la réduction de l'identité à une masse de données, par exemple, ou de l'intrusion algorithmique dans la sphère privée, que l'écrivain contribue activement à son éditorialisation. L'écrivain est sur le web celui qui voulant se profiler, se remixe lui-même, dans un geste de « postproduction », proche des procès que Nicolas Bourriaud a décrits pour l'art contemporain. Et qui par là tente de déjouer toute réification de soi, par quoi l'identification (la reconnaissance faciale sur Facebook?) prétend délivrer une identité. La fiction, l'autofiction tout particulièrement

. Il-me-semble-en, que la tension entre présence et absence, que j'ai voulu présenter comme une forme de spectralisation de soi, entre engagement et dégagement, et bien sûr intime et extime, appartient en propre au régime d'éditorialisation de l'écrivain présent sur le web. Si l'autofiction s'impose si souvent dans les productions littéraires nativement numériques, c'est d'ailleurs parce que l'auteur la peuple de « tous les moi qui le constituent

S. Hubier and L. Intimes, Les expressions du moi, de l'autobiographie à l'autofiction, pp.128-134