La mémoire numérique de Chris Marker. Reflets et désirs des images sans soleil
Résumé
Chris Marker est l'un des premiers à avoir ouvert son oeuvre aux images électroniques, aux images synthétisées, puis aux images numériques. Si Lettre de Sibérie et La jetée, en dévoilant la machinerie propre à l'image cinématographique, examinent les possibilités du montage, avec Sans
soleil et Level Five, ou encore avec Immemory et les expériences plus récentes au sein de Second Life, la mémoire visuelle du numérique devient
consubstantielle à l'oeuvre de Marker. Le « cinéma élargi » de Marker construit une réflexion, aussi bien artistique que philosophique, sur le statut des images, sur leur valeur de vérité, sur leur nature médiale et médiatique, ainsi que sur leur portée économique, éthique et politique. Une telle perspective m'apparaît comme un point de départ décisif pour interroger l'opposition entre analogique et numérique, trop souvent réduite à une alternative axiologique entre un paradigme iconique-authentique et un univers - électronique-numérique - où quelque chose propre à l'image - son aura ? - semble irrémédiablement perdu.