Penser la surdité. L’histoire du sourd de Chartres et l’empirisme des Lumières - Institut d’Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Dix-Huitième Siècle Année : 2018

Thinking deafness : the story of the deaf from Chartre and Empirism in the Age of Enlightenment

Penser la surdité. L’histoire du sourd de Chartres et l’empirisme des Lumières

Résumé

In 1703, in the History of Royal Academy of Sciences Fontenelle related a short story about a deaf young man from the city of Chartres who supposedly suddenly recovered hearing - a sort of analogon of the blind adolescent to whom Cheselden gave vision back in 1728. The « deaf and dumb from Chartres » who lead a « purely animal life » because of the deprivation of language revealed according to Fontenelle that « the greatest source of humanity’s ideas is in mutual exchange ». The inherent theological and metaphysical issues of this story thus shed new light on deafness and elevates it to the rank of a philosophical object. It will thus not just be analyzed here as a mere means of elucidating the relationship between language and thought, but also as a revealing prism of critical thinking on deafness in the Age of Enlightenment. More precisely, it is argued that the story of the deaf man from Chartres was an opportunity for the empirist philosophers to develop a new concept of deafness, regarded as a merely circumstantial and contingent deprivation of reason, which could alone lead to a generalized instruction for deaf people.
En 1703, dans l’Histoire de l’Académie royale des sciences, Fontenelle rapporte un petit récit concernant un jeune homme sourd de la ville de Chartres qui aurait soudainement recouvré l’audition : sorte d’analogue de l’adolescent aveugle auquel Cheselden rendit la vue en 1728, le « sourd et muet de Chartres », qui, sans langage, menait une « vie purement animale », viendrait prouver, selon Fontenelle, que « le plus grand fonds des idées des hommes est dans leur commerce réciproque ». Indissociable des enjeux théologiques et métaphysiques qu’elle charrie, cette histoire eut pour effet de hisser la surdité au rang d’objet philosophique. C’est pourquoi nous l’aborderons non pas comme un (simple) moyen susceptible de trancher le problème des rapports langage/pensée, mais comme un prisme révélateur des philosophies de la surdité du siècle des Lumières. Plus précisément, nous voudrions établir la thèse suivante : l’histoire du sourd de Chartres a été l’occasion, pour les philosophes empiristes, de produire le concept de surdité qui seul pouvait conduire à la généralisation de l’instruction des sourds, à savoir celui d’une privation purement circonstancielle et contingente de la raison.
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Citer

Marion Chottin. Penser la surdité. L’histoire du sourd de Chartres et l’empirisme des Lumières. Dix-Huitième Siècle, 2018, 50, pp.323-341. ⟨10.3917/dhs.050.0323⟩. ⟨hal-03381130⟩

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